
J’ai menti
Voilà quelque temps que je vous répète assez souvent : “j’ai pas de formule magique à ma quête de mieux-être”.
Eh bien… j’ai menti.
Enfin, d’une certaine manière.
Mais avant toute chose, avez-vous déjà entendu parler des “mantras” ?
Mantra
Un mantra, à la base, c’est une formule qu’on répète encore et encore, souvent dans les pratiques spirituelles ou méditatives. Mais dans la vraie vie, pas besoin d’être moine au Tibet pour en avoir un.
Un mantra, ça peut être une phrase qui nous accompagne, un rappel qu’on se répète quand on doute, un genre de boussole intérieure.
Certains choisissent “ça va aller”, d’autres “un jour à la fois”.
Lors d’une de mes thérapies, mon psychiatre m’avait donné comme exercice de me répéter deux fois par jour une phrase liée aux attaques de panique. En gros : elles sont inoffensives, elles ne durent que quelques minutes, et les affronter m’aide à avancer.
Autant vous dire que je l’ai mal pris. Après des années à travailler sur moi, à creuser mes émotions, mes peurs, mes angoisses, je me retrouve avec un exercice qui me semblait presque enfantin. Résultat : je l’ai fait deux fois pour lui faire plaisir, puis je l’ai rangé dans un coin. À la séance suivante, je lui ai balancé cash que ça ne servait à rien et qu’on ferait mieux de passer à du concret : prendre la route, m’exposer “en vrai”.
Mais mon médecin a refusé. Il m’a dit qu’on n’irait pas plus loin tant que cette fameuse phrase ne serait pas ancrée en moi.
Alors bon… j’ai continué, sans conviction, juste pour ne pas bloquer la suite.
Du coup, ça a marché ou pas ?
Franchement, j’ai longtemps cru que répéter une phrase, c’était juste un gadget. Mais en réalité, les chercheurs commencent à comprendre pourquoi ça fonctionne. Et spoiler : ce n’est pas si “basique” que ça.
Psychologiquement, répéter une phrase agit comme un point de focus. Tu bloques ton cerveau sur une seule idée, ce qui laisse moins de place aux pensées catastrophes. Et si la phrase est tournée positivement (“ça va passer”, “je suis capable”), ça agit comme une petite injection de confiance qui, à force, finit par gratter tes croyances négatives.
Physiologiquement, la répétition calme la respiration, active le système parasympathique (celui qui dit “détends-toi”), fait baisser le rythme cardiaque et réduit le cortisol, l’hormone du stress. Même des sons comme “Om” créent une vibration qui stimule le nerf vague, et ça apaise les émotions.
Neurologiquement, les études montrent que la récitation régulière modifie l’activité du cerveau : plus d’ondes alpha et thêta (liées au calme), moins d’activité dans l’amygdale (la zone de la peur). En gros, ton cerveau s’entraîne à ne plus plonger dans le schéma anxieux. C’est ça, la plasticité cérébrale : ton cerveau apprend, s’adapte, se reprogramme.
Et concrètement ? Eh bien oui, ça m’a aidé. Pas comme une baguette magique qui aurait effacé mon anxiété du jour au lendemain, mais assez pour changer mon quotidien. Petit à petit, cette phrase est devenue un réflexe. Quand les symptômes revenaient, ça ne débordait plus. Je n’étais plus ce gars qui court partout en croyant qu’il va mourir. Cette foutue phrase avait bel et bien un effet.
Encore aujourd’hui, il m’arrive de me la répéter dans les transports, dans les moments de vide, ou quand je sens que ça commence à trembler.
Et alors, cette formule magique ?
“Ok Joey, c’est sympa tout ça, mais va pas nous faire croire qu’une phrase t’a sauvé la vie et tout réglé.”
Exact. Cette phrase seule n’a pas changé ma vie. Mais elle a posé une base. Elle m’a montré qu’un mantra pouvait être une vraie ressource. Et avec le temps, j’en ai forgé plusieurs.
Un seul pourtant m’accompagne depuis des années. Mon mantra principal. Celui que je me répète chaque jour, peu importe la situation. Celui que j’ai affiné jusqu’à sa forme la plus simple pour l’avoir toujours avec moi :
Remise en question et curiosité.
C’est ce duo qui guide ma vie.
La remise en question
C’est difficile de l’accepter, mais s’il y a bien une seule personne capable de changer votre vie, c’est vous-même (hors maladies ou situations incontrôlables, évidemment). Si vous attendez que le monde extérieur règle vos problèmes… vous allez être déçus.
Alors, quel meilleur outil que la remise en question pour avancer, améliorer sa vie, changer pour le mieux ?
Bien sûr, comme je l’ai expliqué dans mon article sur l’entourage, nos proches nous influencent. Mais personne ne changera à votre place, et personne ne fera le boulot pour vous.
Le piège, c’est de tomber dans l’excès. Être trop dur avec soi, se rabaisser, ça vire vite à l’auto-flagellation. Le vrai équilibre, c’est de savoir voir ce qu’on peut améliorer sans perdre l’amour de soi. Et croyez-moi, ce n’est pas facile. Moi-même, je tombe encore dans le travers de me juger trop sévèrement. Mais une chose est sûre : les plus grands changements de ma vie sont nés de longues heures de remise en question.
La curiosité
Ok, admettons : les cartes sont dans nos mains. Mais encore faut-il savoir lesquelles jouer. Quels choix poser ? Quelles actions entreprendre ? On peut agir à chaud, sur la première idée venue. Mais soyons honnêtes : les résultats sont rarement durables.
C’est là qu’intervient la curiosité. Pas juste l’envie d’essayer autre chose, mais ce besoin d’explorer, de comprendre, de chercher. La curiosité, c’est ouvrir un livre, poser une question, observer ceux qui font différemment, tester une nouvelle piste. C’est elle qui nous donne la matière première pour avancer : de nouvelles idées, de nouvelles perspectives, de nouveaux outils.
Sans curiosité, on tourne en rond avec les mêmes réponses. Avec elle, on élargit le champ des possibles et on augmente nos chances de trouver le bon chemin.
Conclusion
Voilà pourquoi ce simple duo, remise en question et curiosité, est devenu mon mantra. La remise en question me permet de voir où je peux évoluer. La curiosité m’apporte les clés pour y arriver. Ensemble, elles forment ma formule magique — pas pour me rendre parfait, mais pour me pousser à avancer, encore et toujours.
Et au fond, si je devais vous partager une seule chose aujourd’hui, ce serait ça : n’attendez pas une vie parfaite, équipez-vous des bons outils pour apprendre et évoluer. Et parfois, ces outils tiennent en quatre mots : remise en question et curiosité.
Sources scientifiques
Effets psychophysiologiques généraux – Méditation et relaxation
Les méditations impliquant répétitions verbales (comme les mantras) sont associées à une amélioration de la régulation émotionnelle, de la qualité du sommeil, de la fatigue et des symptômes dépressifs, notamment chez les personnes en souffrance mentale.➡ En lire plus : MDPI – Immédiat bien-être
Méditation basée sur les mantras (MBM) – Revue systématique et méta-analyse (2022)
Cette étude met en évidence que la pratique du mantra via la méditation entraîne des réductions significatives (petites à modérées) d’anxiété, de dépression, de stress, de symptômes de stress post-traumatique, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie mentale.➡ En lire plus : PMC
Chant de “Om” (vocal ou silencieux) – Effets sur stress et cortisol (2023/2024)
Une étude a démontré qu’un chant en groupe de 12 minutes induisait une réduction significative du stress et du cortisol, tout en renforçant le sentiment de connexion sociale.➡ En lire plus : PubMed — ResearchGate
Méthodes de méditation et bien-être mental (meta-analyse plus large, 2023)
Une méta-analyse confirme que des programmes de méditation base sur le mantra (et autres formes) peuvent induire une réduction modérée du stress psychologique, valable jusqu’à 6 mois après le début de la pratique.➡ En lire plus : Nature Mental Health
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