
“Et si?…”
Et si mon cœur allait s’arrêter ?
Et si je vais vomir ?
Et si je tombe dans les pommes ?
Et si je rate mon train ?
Et s’ils allaient me détester ?
…
Qui ne s’est pas déjà posé ce genre de question, et la liste peut continuer sur des kilomètres. Ce genre de question peut nous mettre dans tous nos états, nous empêcher de prendre des décisions, nous faire anticiper des nuits entières, à un point qu’on en perdrait son sommeil, son appétit, sa concentration et j’en passe. Ces fameux “scénarios catastrophe” qu’on anticipe juste “au cas où”, s’attendre au pire pour ne pas être déçu, anticiper le pire pour éviter de peut-être le vivre. Et tout cela en échange d’un mal-être, d’une crise d’angoisse. En échange de ne pas vivre sa vie, au prix d’un événement qui a peut-être 1 % de chance de se réaliser.
La peur d’avoir peur
Je t’ai déjà partagé pas mal de fois maintenant (comme ici par exemple : Le début du quête) que mon tempérament “d’anxieux” me pousse à tout anticiper, juste au cas où. Mon cerveau m’envoie des signaux d’alarme pour des dangers qui n’en sont pas. Et depuis le jour où je l’ai prise en pleine face, cette attaque de panique a fait tellement mal que j’étais à l’affût de la prochaine. À l’écoute de chaque signal : un battement de cœur en trop, un coup de mou qui n’aurait pas dû se produire à cette heure habituellement, un bar trop peuplé à mon goût, un bouchon sur l’autoroute… Chaque situation banale du quotidien s’est transformée en panneau “WARNING DANGER” à cause de ce putain de “et si…”
“Et si je fais une crise d’angoisse à ce moment-là”
Certainement la phrase qui a le plus tourné dans ma tête de mes 20 à 30 ans. Cette phrase était devenue la question à toute situation qui avait le toupet de se situer en dehors de ma zone de confort. Une fois énoncée (ou pensée), comme une formule magique, elle faisait apparaître un malaise, un sentiment d’insécurité, un tueur de confiance en soi, un frein à la vie qu’on a pourtant le droit de vivre.
Cette phrase avait le don de transformer tout projet en un cauchemar à problème… qui n’existe pas encore. Je suis invité à ce concert incroyable de ce groupe que j’adore. On va faire la noce, passer des chouettes moments, peut-être rencontrer des gens géniaux. PAR CONTRE !!! Si tout à coup je me sens mal, et c’est à 45 minutes de chez moi, en cas de problème ça va prendre des plombes à rentrer. Et si personne ne peut s’occuper de moi quand je panique ? Et si mon pote est trop bourré pour rentrer en voiture ? Et si je fais une crise ? ET SI ELLE NE S’ARRÊTE JAMAIS ??????
… “Allo, c’est Joey. Ouais j’ai la gastro, je vais pas venir ce soir… Ouais ça me saoule trop j’te jure”
… Putain, j’en ai raté des soirées…
Anticiper 1 % de chance de risque
Sales souvenirs, et il m’arrive encore d’esquiver des choses par crainte d’un truc qui n’arrivera certainement jamais. Beaucoup moins, mais la route a été longue, même s’il reste toujours un bout de chemin à faire (peut-être éternel, qui sait).
Ça ne m’est pas venu d’un coup. J’ai beaucoup travaillé sur moi et mon fonctionnement, et surtout j’ai pris le temps de regarder autour de moi — plus particulièrement ces gens qui ne sont pas comme ça. Ceux qui ne refusent aucune occasion de vivre leur vie à 1000 %, ceux qui ne s’écoutent pas trop, qui donnent l’impression de n’avoir peur de rien (t’inquiète, personne n’est indestructible, sois cool avec toi). Ces gens qui disent : “On traitera le problème s’il se produit réellement.”
… “On traitera le problème s’il se produit réellement”… Pendant très longtemps cette phrase m’énervait au plus haut point. Pour moi, c’étaient les gens mal organisés qui disaient ce genre de chose. Les gens qui sont les proies de tous les problèmes que la vie peut mettre sur leur chemin. Alors que j’avais tout faux. En fait, c’est ça s’économiser. L’équation est simple : j’ai un voyage prévu, je vais me pourrir deux semaines à l’avance à m’imaginer ce qui pourrait se passer de pire durant tout le processus. Alors que certains n’y penseront pas. Et dans le pire des cas, si quelque chose se passe, ils subiront ce mal-être au moment où il se produit, et à ce moment uniquement. Deux semaines de souffrance contre une faible chance de vivre quelques instants de souffrance… Écrit comme ça, je pense qu’on ferait tous le même choix.
La Liste ! J’adore les listes !
Ces derniers mois, voire années, mon entourage a beaucoup évolué. J’ai la chance d’être entouré de gens terriblement inspirants, qui ont la capacité de casser leurs propres barrières pour se donner les moyens de vivre la vie qu’ils veulent vivre. Chaque minute passée avec eux a renforcé mon envie d’aller mieux, de ne plus trop m’écouter et de briser ces chaînes dans lesquelles je m’étais enfermé.
J’avais besoin de prendre conscience de ma situation, et quoi de mieux qu’une bonne vieille liste ! Certains le savent, j’adore les listes. C’est carré, simple, et mon côté maniaque de l’organisation adore en faire pour tout et pour rien. Un jour, après un cocktail de gens inspirants + un événement de plus que j’ai esquivé, j’ai décidé de faire une liste. Une liste dans laquelle j’allais noter toutes les dernières fois où je me suis fait un scénario catastrophe, où je me suis fait du mouron pendant plusieurs jours, où j’ai été effrayé, où je me suis rendu mal comme pas possible. Et une fois cette liste établie, j’allais faire un “vu” avec un bon gros feutre à côté de chaque situation où il ne s’était rien passé de mal finalement.
Le résultat était plus que révélateur : dans ma situation, 100 % des cas avaient droit à leur petite coche. AUCUN de ces événements n’avait tourné au cauchemar comme je l’avais anticipé. Et avoir cet ensemble de plusieurs dizaines de situations sous les yeux m’a mis une claque. J’avais devant moi des dizaines d’heures de mal-être, de souffrance… pour RIEN.
Prendre du recul, y penser
Ça n’a pas été la formule magique à tous mes problèmes d’angoisse, mais j’avais envie de te partager ça car ça a été un des moments les plus bénéfiques dans ma quête de mieux-être. Cette liste n’a pas supprimé toutes mes craintes infondées, mais elle m’a permis, lorsque mon cerveau se met en mode turbine alors qu’il ne devrait pas, de me rappeler que j’aurai bien assez de temps pour régler le problème si il survient — et que je ferai mon possible pour ne pas gâcher mes précieux instants de vie comme je l’ai fait pour des dizaines d’événements passés. Tout ça pour 1 % de risque… si ce n’est beaucoup moins.
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